Sabouret, Jean-François
La Dynamique du Japon
Septembre 2005
En avril 2003, Jean Daniel, journaliste, écrivain, directeur-fondateur du Nouvel Observateur, décidait de confier la plupart de ses manuscrits à la Bibliothèque nationale de France. Occasion pour Jean-Noël Jeanneney, président de la Grande Bibliothèque, d’inviter les amis de Jean Daniel à se rassembler autour de lui.
Loin d’un exercice convenu et révérencieux, leurs témoignages, savoureux et érudits, apportent leur lot d’analyses en profondeur, mais aussi d’indiscrétions, sinon de révélations. Connaît-on assez, demande notamment François Nourissier, le trio méditerranéen, intensément allègre, seigneurial et pathétique, que Jean Daniel formait avec Albert Camus et Jules Roy ? Ou sa fidélité au général de Gaulle, soulignée par Jean Lacouture et qui ira jusqu’à l’opposer, en 1958, à son maître Pierre Mendès France ?
Ce Français d’Algérie élevé parmi dix frères et soeurs sous l’autorité d’un patriarche pieux, devenu une référence intellectuelle de gauche, a choisi depuis longtemps d’affronter la complexité de l’Histoire. À ses risques et périls, car, selon Pierre Nora, un grand témoin engagé, pour peu qu’il ait été gidien dans son adolescence, sait accueillir et épouser tous les contraires. Comme disait Gide, il n’abonde pas toujours dans son sens. Quitte à se mettre en dissidence contre lui-même et son camp. D’où l’intérêt de ses prises de position, jadis sur l’Algérie et le Proche-Orient, aujourd’hui sur les États-Unis, l’Europe et l’Irak. Comme sur le conflit permanent entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité.
À travers l’itinéraire multiple de Jean Daniel, on croise tous les grands débats de notre société contemporaine et l’on fréquente à nouveau Clavel, Sartre et Foucault. Et dans un monde que l’on dit en manque de repères, sa démarche intéresse, qui recherche le salut non pas par la foi, mais par la pratique assidue du « questionnement ».